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Le 6 octobre 2019, les Kosovars ont envoyé un message clair à leurs dirigeants : il est temps de tourner la page. Lassés par des années de tensions avec la Serbie et une corruption endémique, les électeurs ont massivement rejeté les anciens chefs de guerre au profit d’une nouvelle génération politique. Ce changement radical pourrait-il enfin apporter la stabilité tant attendue dans les Balkans ?
Depuis son indépendance en 2008, le Kosovo était dirigé par d’anciens commandants de l’Armée de libération du Kosovo (UCK). Ces révolutionnaires devenus politiciens privilégiaient la confrontation au dialogue avec Belgrade. Mais le 6 octobre, les Kosovars ont dit stop.
Une vague de « dégagisme » a balayé ceux qui monopolisaient le pouvoir depuis la fin de la guerre. Les électeurs ont massivement voté pour l’opposition, incarnée par deux partis :
Ces deux formations ont promis de lutter contre la corruption et le népotisme qui gangrènent le pays. Elles devancent largement le PDK du président Hashim Thaçi, principal parti de la coalition sortante.
Ce scrutin n’était pas prévu avant 2021. Mais le passé sulfureux du Premier ministre Ramush Haradinaj a précipité sa chute. Fin juillet, il est convoqué par le Tribunal spécial kosovar pour des soupçons de crimes de guerre durant le conflit de 1998-1999. Il démissionne, entraînant la dissolution du Parlement.
Malgré ces accusations, Haradinaj s’est représenté. Mais les Kosovars en avaient assez. Ils ont sanctionné son parti, qui arrive en quatrième position. Un message clair envoyé à la vieille garde politique.
Cette défaite marque la fin de 11 ans de règne ininterrompu pour les anciens chefs de l’UCK. Autoproclamés « libérateurs » du joug serbe, ils avaient pris le pouvoir après l’indépendance en 2008.
Mais l’enthousiasme des débuts a vite laissé place à la désillusion. La population est fatiguée par :
Le vote sanction du 6 octobre traduit aussi la lassitude face au discours nationaliste du PDK. De nombreux Kosovars ont préféré s’exiler en Suisse ou en Allemagne, privant le pays de sa jeunesse.
Le grand vainqueur du scrutin est Albin Kurti. Ce militant de longue date, emprisonné par la Serbie dans les années 90, a su capter le vote de la jeunesse urbaine. Son parti Vetëvendosje arrive en tête avec 25,8% des voix.
Juste derrière, la LDK de Vjosa Osmani obtient 24,9%. À 37 ans, cette juriste incarne le renouveau d’un pays encore très patriarcal. Elle veut mettre fin à l’exode massif des jeunes en créant des opportunités au Kosovo.
Malgré leurs différences idéologiques, ces deux formations n’ont pas d’autre choix que de s’allier pour former une majorité. Leur défi : ne pas décevoir une population avide de changement.
La tâche s’annonce ardue pour la nouvelle équipe au pouvoir. Ses principales priorités :
Ce dernier point est crucial. Les discussions sont au point mort depuis des mois, bloquées par les droits de douane de 100% imposés par Pristina sur les produits serbes. La communauté internationale fait pression pour une reprise rapide du dialogue.
Ce changement politique au Kosovo pourrait avoir des répercussions positives dans toute la région. Une détente avec la Serbie permettrait d’apaiser les tensions persistantes dans les Balkans.
L’Union européenne suit de près cette évolution. Des Balkans stables et apaisés sont essentiels pour la sécurité du continent. La normalisation des relations entre Pristina et Belgrade est une condition sine qua non pour leur intégration européenne.
Le président serbe Aleksandar Vucic s’est dit prêt à discuter avec Albin Kurti. Une ouverture inespérée il y a encore quelques mois. Reste à concrétiser ce dialogue sur le terrain.
En rejetant massivement les anciens chefs de guerre, les Kosovars ont exprimé leur volonté de changement. La jeunesse du pays ne veut plus s’éterniser sur les conflits du passé mais se projeter vers l’avenir.
Ce renouveau politique offre une opportunité unique de transformer le Kosovo. Les nouveaux dirigeants devront être à la hauteur des attentes. S’ils réussissent, c’est toute la région qui pourrait en bénéficier.
Le chemin sera long et semé d’embûches. Mais pour la première fois depuis longtemps, l’espoir d’un avenir meilleur renaît à Pristina. Aux Kosovars maintenant de saisir cette chance historique.