Dans un premier temps pris sur le ton de l’humour, le confinement commence à peser de plus en plus sur toute la population belge. Toute? Non! Une petite troupe d’individus résiste encore et toujours à l’ennui de l’isolement.
17 novembre 2019, Wuhan. Après plusieurs jours de rumeurs, les premiers cas d’infection au Covid-19 sont observés dans la province du Hubei dans le centre de la Chine. Mais le reste du monde ne s’en occupe pas : ce n’est après tout qu’une maladie locale, pourquoi donc s’en inquiéter? 4 février 2020, Bruxelles. Le virus est officiellement présent en Belgique. Mais tranquille, nos dirigeants nous l’assurent « il n’y a aucun risque ». Pourtant, la Première ministre du gouvernement d’urgence Sophie Wilmès annonce le 17 mars le confinement de la population belge dès le lendemain midi. La Belgique doit apprendre à vivre avec une inconnue, la vie de confinée.
Au domicile, la population s’en amuse. Les détournements, montages vidéo et challenges fleurissent sur les réseaux sociaux. Mais dans la rue, c’est la panique : les magasins sont vidés, la faute à une peur irrationnelle de pénuries alimentaires. Puis l’emballement retombe. Le télétravail devient la nouvelle routine, le sport un échappatoire, l’ennui un référent. Après avoir tourné en dérision ce blocage forcé à la maison, la population belge montre des signes de fatigue, de ras-le-bol. La classe politique portée aux nues à l’aube du confinement est maintenant rejetée : ses décisions ne coïncident plus avec la volonté populaire, qui écoute son envie de sortir plus que les expertises médicales. Certains ont même confectionné un calendrier où ils cochent les jours comme les prisonniers marquent le rythme de leur peine. Et au milieu de tout cela, il y a moi. Moi qui l’aime bien ce confinement.
Jour 44 du confinement. Pour beaucoup, c’est un clou de plus ajouté au cercueil de leur enthousiasme, 24 heures de plus dans le couloir mortifère de l’ennui. Pour moi, c’est une journée de plus à ma presque vie d’avant. Casanier, j’aime mon logis et je n’en bouge que rarement. Loisirs, soirées et amitiés c’est oui, mais pas quand je suis chez moi. Autant dire que rester à la maison pour travailler et ne sortir que pour faire du sport, c’est exactement ce à quoi ressemblait tous mes dimanches. Ce confinement n’est en réalité rien d’autre qu’un gigantesque week-end. Alors pourquoi s’en plaindre? Je ne perds plus de temps dans les trajets obligatoires d’avant, temps que je récupère pour lire, travailler, regarder un film, écouter de la musique,… Tout n’est que bénef! Allez, je l’accorde, aller boire un verre en terrasse ça me manque de temps en temps. Mais un appel vidéo, une boisson fraîche, une chaise dans le jardin et hop, c’est tout comme. Non vraiment, qu’est-ce qu’il est bien ce confinement!
Pour ceux qui n’en peuvent plus rassurez-vous, c’est bientôt terminé. Les mesures de déconfinement partiel arrive à grands pas, vous serez bientôt libérés. Soyez contents : vous ressortirez de cette pause forcée plus sportifs que vous ne l’étiez, plus responsables dans ce que vous mangiez, plus critiques sur ce que vous achetiez. Et quand votre prison s’effondrera, ma petite bulle d’air éclatera. Et chacun reprendra sa petite vie d’avant, comme si rien ne s’était passé. Parce que c’est toujours comme cela que ça fonctionne.

Antoine Thirion
Fondateur et rédacteur en chef
Spécialités : Politique internationale, sport, musique.
Description : Parti de Bourg-Palette à dos de nuage magique, j’ai rempli mes poches d’Honneur Ball pour capturer mes infos. Sur mon chemin vers les colombes de mes abysses, j’ai pris une tasse de Caffey avec le Lieutenant Ripley en admirant les Trivela de Quaresma. Amateur de liberté, je songe à me faire tatouer le plan d’évasion de ce monde pour ne pas finir dans ma piscine.
Super chouette chronique. On reconnaît bien le rédacteur de celle-ci
Chouette micro chronique.
Bien écrit, drôle et la conclusion très réaliste, malheureusement…