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Le 11 juillet 1995, Srebrenica sombrait dans l’horreur. 25 ans plus tard, les blessures de ce génocide peinent à cicatriser. Retour sur l’un des épisodes les plus sombres de l’histoire européenne récente et ses conséquences qui perdurent aujourd’hui.
Enclavée dans l’est de la Bosnie-Herzégovine, Srebrenica était une ville paisible de 20 000 habitants, majoritairement musulmans. En juillet 1995, elle est devenue le théâtre du plus grand massacre en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.
Malgré son statut de « zone protégée » par l’ONU, la ville tombe aux mains des forces serbes le 11 juillet. S’ensuit une véritable chasse à l’homme. En quelques jours, près de 8 000 hommes et adolescents musulmans sont exécutés méthodiquement.
Le général Ratko Mladić, surnommé le « Boucher des Balkans », orchestre ce bain de sang. Les victimes sont entassées dans des fosses communes, leurs corps démembrés pour compliquer l’identification.
Ce drame met en lumière la faillite de l’ONU et de la communauté internationale. Les 600 Casques bleus présents se révèlent incapables de protéger les civils face à l’offensive serbe.
Le général français Philippe Morillon avait pourtant promis en 1993 : « Nous ne vous abandonnerons pas. » Deux ans plus tard, les Casques bleus néerlandais sont contraints d’évacuer, laissant les habitants à leur terrible sort.
L’OTAN survole la région sans intervenir. Cette passivité coupable restera longtemps une tache sur la conscience occidentale.
Chaque 11 juillet, Srebrenica commémore ses morts. Le mémorial de Potočari accueille chaque année de nouvelles victimes identifiées. En 2019, 33 corps ont rejoint les milliers déjà inhumés.
La traditionnelle « Marche pour la paix » retrace le périple des 15 000 habitants qui ont fui la ville en 1995. Un parcours du souvenir de 100 km effectué par des milliers de personnes.
Mais la pandémie de Covid-19 a bouleversé les commémorations du 25e anniversaire. Seuls 90 survivants ont pu participer à la marche en 2020. Une situation qui ravive douloureusement le sentiment d’abandon vécu à l’époque.
La traque des responsables du massacre a pris des années. Le général Ratko Mladić n’a été arrêté qu’en 2011, après 16 ans de cavale. Il a finalement été condamné à la perpétuité en 2017 par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie.
D’autres figures clés comme Radovan Karadžić ou Zdravko Tolimir ont également écopé de lourdes peines. La justice internationale a ainsi reconnu la gravité des crimes commis à Srebrenica.
Mais certains acteurs échappent encore aux poursuites. Des membres du parti grec d’extrême-droite Aube dorée seraient impliqués dans le massacre. Un rappel que la responsabilité dépasse les frontières de l’ex-Yougoslavie.
25 ans après les faits, le déni reste un problème majeur. En Serbie, certains médias évoquent le 11 juillet uniquement pour rappeler les crimes commis contre les Serbes dans la région.
Cette tendance au négationnisme inquiète les historiens. Le Musée d’histoire de Sarajevo a d’ailleurs consacré une exposition au « virus du déni » en 2020.
Car nier ou minimiser l’ampleur du génocide, c’est raviver les tensions intercommunautaires. Un obstacle majeur à la réconciliation dans les Balkans.
Si la Serbie peine à regarder son histoire en face, d’autres pays commencent à assumer leurs responsabilités. Les Pays-Bas ont reconnu la culpabilité de leurs Casques bleus et mis en place un fonds d’indemnisation pour les victimes.
Mais l’ONU et l’Union européenne tardent encore à faire leur examen de conscience. Pourtant, leur inaction en 1995 a eu des conséquences dramatiques.
Admettre ces erreurs serait un pas important vers l’apaisement. Car le drame de Srebrenica ne doit pas être réduit à une simple affaire serbo-bosniaque.
25 ans après, Srebrenica reste une blessure à vif dans la mémoire collective européenne. Le processus de réconciliation s’annonce encore long et difficile.
Mais le souvenir des victimes doit continuer à être honoré. Pour que l’Europe n’oublie jamais cette page sombre de son histoire récente. Et surtout, pour que de telles atrocités ne puissent plus jamais se reproduire sur le continent.
Car si Srebrenica semblait lointaine en 1995, ce drame nous rappelle que la barbarie n’est jamais très éloignée. Rester vigilant face à la montée des nationalismes et de l’intolérance est le meilleur hommage que nous puissions rendre aux victimes du génocide.