Physical Address

304 North Cardinal St.
Dorchester Center, MA 02124

Salvador Allende : L’ascension et la chute d’un président socialiste au Chili

Salvador Allende : L’ascension et la chute d’un président socialiste au Chili

Le 4 septembre 1970 marque un tournant historique pour le Chili. Salvador Allende remporte l’élection présidentielle, devenant ainsi le premier marxiste élu démocratiquement en Amérique latine. Cette victoire, aussi inattendue que controversée, allait profondément bouleverser le paysage politique chilien et international.

Un contexte politique explosif

Le Chili des années 60 est en pleine effervescence. Le président sortant, Eduardo Frei, a initié une « Révolution dans la liberté« , mêlant réformes sociales et économie libérale. Mais cette politique du juste milieu ne satisfait ni la gauche ni la droite.

La gauche s’organise autour de l’Unidad Popular, coalition menée par Allende. Face à elle, la droite conservatrice soutient Jorge Alessandri. Entre les deux, les démocrates-chrétiens présentent Radomiro Tomić.

Une élection sous haute tension

La campagne électorale est électrique. Les États-Unis, craignant une victoire communiste, soutiennent discrètement la droite. L’armée, traditionnellement neutre, annonce qu’elle respectera le choix du Congrès en cas de résultat serré.

Le soir du 4 septembre, c’est la stupeur : Allende l’emporte avec seulement 36,6% des voix. Le Congrès doit trancher. Après d’intenses négociations, il confirme Allende à la présidence le 24 octobre.

Les premiers pas d’Allende : entre espoirs et tensions

Dès son investiture, Allende lance d’ambitieuses réformes : nationalisation du cuivre, accélération de la réforme agraire, augmentation des salaires. Ces mesures suscitent l’enthousiasme de ses partisans, mais aussi l’inquiétude des milieux conservateurs.

La CIA, sur ordre de Nixon, tente de déstabiliser le nouveau régime. L’assassinat du général Schneider, loyal à la Constitution, échoue à provoquer un coup d’État militaire. Mais il illustre la détermination des opposants à Allende.

L’engrenage de la crise

Rapidement, l’économie chilienne se dégrade. Le boycott américain fait chuter le prix du cuivre. L’inflation s’envole, les pénuries se multiplient. Dans les rues, les manifestations pro et anti-Allende se succèdent, parfois violemment.

L’extrême-gauche reproche à Allende sa modération, tandis que la droite l’accuse de mener le pays au chaos. Le président tente de s’appuyer sur l’armée pour maintenir l’ordre, nommant le général Prats ministre de l’Intérieur.

Le coup d’État fatal

En août 1973, la situation est devenue intenable. Les grèves paralysent le pays, l’économie est au bord du gouffre. Allende envisage un référendum pour sortir de la crise, mais il est trop tard.

Le 11 septembre, l’armée, menée par le général Pinochet, lance l’assaut contre le palais présidentiel. Allende meurt dans des circonstances controversées. C’est le début d’une dictature militaire impitoyable qui durera 17 ans.

Les leçons d’une expérience unique

L’expérience Allende reste un sujet de débat passionné. Pour certains, elle incarne l’espoir d’un socialisme démocratique brisé par l’impérialisme américain. Pour d’autres, elle illustre les dangers d’une politique trop radicale dans un pays profondément divisé.

Au-delà des clivages idéologiques, la présidence d’Allende rappelle la fragilité des démocraties face aux tensions internes et aux pressions extérieures. Elle souligne l’importance du dialogue et du compromis pour éviter les dérives autoritaires.

Un héritage complexe

Cinquante ans après son élection, Salvador Allende demeure une figure controversée mais incontournable de l’histoire chilienne. Son parcours incarne les espoirs et les désillusions d’une génération qui croyait possible de changer radicalement la société par les urnes.

Aujourd’hui, le Chili a tourné la page de la dictature. Mais les débats sur le modèle économique et social du pays restent vifs. L’héritage d’Allende continue d’influencer la vie politique chilienne, rappelant que les idéaux de justice sociale qui l’animaient restent d’actualité.