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Le Mercosur fête ses 30 ans d’existence. Créé en 1991, ce marché commun sud-américain visait à unir économiquement et politiquement les pays de la région. Trois décennies plus tard, quel bilan tirer de cette ambitieuse initiative ? Entre réussites et obstacles, le Mercosur cherche encore sa voie pour s’imposer sur la scène internationale.
Le 26 mars 1991, l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay signent le traité d’Asunción. Cet acte fondateur donne naissance au Mercosur, ou Marché commun du Sud. L’objectif est clair : créer une puissance économique régionale capable de rivaliser avec les grands blocs mondiaux.
Le Mercosur se fixe plusieurs missions ambitieuses :
Aujourd’hui, le Mercosur représente un marché de 300 millions d’habitants et plus de 80% du PIB sud-américain. Une force de frappe considérable sur le papier.
En 30 ans d’existence, le Mercosur a permis des progrès significatifs dans l’intégration économique régionale :
Le commerce intra-Mercosur a explosé depuis 1991, passant de 4 milliards à plus de 40 milliards de dollars par an. Cette intensification des échanges a dynamisé les économies locales.
Les pays membres ont travaillé à l’alignement de leurs réglementations dans de nombreux domaines : douanes, propriété intellectuelle, concurrence… Un effort qui facilite les échanges.
Le Mercosur attire davantage les investissements étrangers, grâce à son marché élargi et ses règles harmonisées. Une aubaine pour le développement économique de la région.
Au-delà de l’économie, le Mercosur a contribué à pacifier les relations entre pays sud-américains :
L’Argentine et le Brésil, longtemps rivaux, ont appris à coopérer au sein du Mercosur. Un rapprochement bénéfique pour toute la région.
Le Mercosur conditionne l’adhésion au respect de la démocratie. Cette clause a permis de sanctionner des pays en cas de coup d’État, comme le Paraguay en 2012.
Les pays du Mercosur coordonnent de plus en plus leurs positions diplomatiques, renforçant leur influence globale.
Malgré ces succès, le Mercosur peine encore à concrétiser pleinement ses ambitions initiales :
Le tarif extérieur commun reste imparfait, avec de nombreuses exceptions. Cette situation limite l’intégration économique visée.
De nombreux obstacles techniques, sanitaires ou administratifs entravent encore la libre circulation des marchandises entre pays membres.
Les divergences idéologiques entre gouvernements compliquent l’adoption de positions communes sur de nombreux sujets.
La domination économique et politique de l’Argentine et du Brésil au sein du Mercosur pose question :
Ces deux pays représentent à eux seuls 95% du PIB du Mercosur. Un poids qui écrase parfois les petits membres comme l’Uruguay ou le Paraguay.
Les tensions entre Buenos Aires et Brasilia paralysent régulièrement la prise de décision au sein du bloc.
L’Argentine et le Brésil avancent souvent plus vite dans leur coopération bilatérale, au détriment du Mercosur dans son ensemble.
Ces dernières années, plusieurs événements ont mis à l’épreuve la solidité du Mercosur :
La grave récession frappant l’Argentine depuis 2018 a fortement réduit les échanges au sein du Mercosur. Buenos Aires a même dû adopter des mesures protectionnistes contraires à l’esprit du bloc.
La pandémie a durement touché les économies sud-américaines. Le PIB du Brésil a chuté de 4,4% en 2020, celui de l’Argentine de près de 13%. Un recul qui affaiblit l’ensemble du Mercosur.
L’arrivée au pouvoir de dirigeants aux positions divergentes, comme Jair Bolsonaro au Brésil, complique la coopération au sein du bloc.
Face à ces défis, le Mercosur doit se réinventer pour rester pertinent. Plusieurs pistes se dessinent :
La mise en place d’une véritable zone de libre-échange et l’harmonisation fiscale sont essentielles pour dynamiser le commerce intra-Mercosur.
Donner plus de poids aux petits pays membres permettrait de fluidifier la prise de décision et de renforcer la cohésion du bloc.
La conclusion d’accords ambitieux, notamment avec l’Union européenne, boosterait le rayonnement international du Mercosur.
Le Mercosur doit se saisir des défis contemporains : transition écologique, économie numérique, inégalités sociales…
Après 30 ans d’existence, le Mercosur affiche un bilan contrasté. Les avancées économiques et politiques sont réelles, mais les objectifs initiaux restent en partie inachevés. Le bloc sud-américain se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins.
Pour s’imposer comme une puissance mondiale incontournable, le Mercosur devra relever de nombreux défis. L’approfondissement de l’intégration économique, le rééquilibrage des pouvoirs et l’ouverture à de nouveaux partenaires seront cruciaux.
Malgré les obstacles, le potentiel du Mercosur reste immense. Avec ses ressources naturelles abondantes, sa population jeune et ses économies dynamiques, l’Amérique du Sud a tous les atouts pour peser sur la scène internationale. À condition de dépasser ses clivages internes et de parler d’une seule voix.
Les 30 prochaines années seront décisives pour l’avenir du Mercosur. Saura-t-il se réinventer pour concrétiser enfin le rêve d’une Amérique du Sud unie et prospère ? L’histoire reste à écrire.