Mercosur : 30 ans après, quel avenir pour le marché commun sud-américain ?

Le 26 mars 1991, l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay signaient le traité d’Asunción, donnant naissance au Mercosur. Trente ans plus tard, ce marché commun sud-américain peine encore à atteindre ses objectifs initiaux. Entre ambitions et défis, quel bilan tirer de cette union économique ?

Un géant économique aux pieds d’argile

Avec ses 300 millions d’habitants et 82% du PIB sud-américain, le Mercosur s’impose comme un poids lourd régional. Pourtant, ses ambitions de libre-échange et d’intégration politique restent inachevées.

Le Mercosur visait initialement à :

• Instaurer la libre circulation des biens et services
• Créer un tarif extérieur commun
• Harmoniser les législations entre pays membres

Mais ces objectifs se heurtent à de nombreux obstacles. L’absence de zone de libre-échange effective et le manque de coordination des politiques publiques freinent l’intégration économique.

Le duo Argentine-Brésil : entre leadership et rivalité

Au cœur du Mercosur, l’Argentine et le Brésil jouent un rôle prépondérant. Mais leur relation tumultueuse paralyse souvent l’institution :

• Luttes d’influence pour dominer le bloc
• Désaccords fréquents sur les orientations politiques
• Difficultés à trouver des compromis

Cette rivalité historique empêche le Mercosur d’avancer d’un même pas vers ses objectifs d’intégration. Les deux géants peinent à dépasser leurs intérêts nationaux au profit d’une vision commune.

Des crises qui fragilisent l’union

Ces dernières années, plusieurs crises sont venues ébranler les fondations du Mercosur :

La crise économique argentine

Plongée dans une profonde récession, l’Argentine a dû prendre des mesures protectionnistes, à l’opposé de l’esprit de libre-échange du Mercosur. Cette situation a affaibli les échanges commerciaux au sein du bloc.

L’impact de la pandémie

La crise sanitaire a durement frappé l’Amérique du Sud. Les économies brésilienne et argentine ont particulièrement souffert, avec des chutes de PIB respectives de 4,4% et 12,9% en 2020. Ce recul fragilise l’ensemble du Mercosur.

Les tensions politiques

L’arrivée au pouvoir de dirigeants aux positions divergentes complique la coopération. La présidence de Jair Bolsonaro au Brésil cristallise notamment les tensions avec ses partenaires sur des sujets comme l’environnement.

Des relations internationales en demi-teinte

Malgré quelques accords avec l’Inde ou l’Afrique australe, le Mercosur peine à conclure des partenariats d’envergure. Les négociations avec l’Union européenne, entamées il y a 20 ans, illustrent ces difficultés :

• Désaccords sur les normes agricoles
• Absence de prise en compte des enjeux climatiques
• Réticences face à certains dirigeants comme Bolsonaro

Cette incapacité à nouer des alliances fortes limite le rayonnement international du Mercosur et son poids dans les échanges mondiaux.

Quel avenir pour le Mercosur ?

Après 30 ans d’existence, le Mercosur se trouve à la croisée des chemins. Pour se relancer, le bloc devra relever plusieurs défis :

Rééquilibrer les pouvoirs

Limiter l’influence du duo Argentine-Brésil permettrait de fluidifier la prise de décision et de donner plus de poids aux autres membres.

Concrétiser le libre-échange

La mise en place effective d’une zone de libre commerce est cruciale pour dynamiser les échanges au sein du bloc.

Intégrer les enjeux environnementaux

Face à l’urgence climatique, le Mercosur doit inclure une dimension écologique dans sa stratégie politique et économique.

S’élargir à de nouveaux membres

L’intégration de nouveaux pays sud-américains renforcerait le poids du Mercosur sur la scène internationale.

Le Mercosur dispose d’un potentiel important, mais doit se réinventer pour ne pas être dépassé par d’autres puissances émergentes. L’heure est venue de dépasser les clivages et de se recentrer sur les objectifs communs pour construire une véritable union économique sud-américaine.