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Le 6 octobre 1976, le vol Cubana 455 explose en plein ciel, quelques minutes après son décollage de la Barbade. Cette tragédie, qui coûte la vie à 73 personnes, va bien au-delà d’un simple attentat terroriste. Elle révèle les sombres manœuvres de la CIA en Amérique latine durant la Guerre froide. Des documents déclassifiés en 2005 exposent les liens étroits entre l’agence américaine et les auteurs de l’attentat. Plongeons dans les coulisses de cette affaire qui ébranle encore aujourd’hui les relations entre Cuba et les États-Unis.
Ce 6 octobre 1976, le vol Cubana 455 décolle de la Barbade pour rejoindre La Havane. Cinq minutes après le décollage, une explosion retentit à bord. Les derniers mots glaçants des pilotes résonnent dans les oreilles des contrôleurs aériens : « Il y a eu une explosion et nous sommes en train de tomber, il y a le feu à bord ! On est en train de brûler ! »
L’avion s’écrase dans l’océan, ne laissant aucun survivant parmi les 73 passagers. L’enquête révèle rapidement qu’il s’agit d’un attentat à la bombe. Quatre suspects sont arrêtés dans les jours qui suivent :
Si les deux premiers sont condamnés à 20 ans de prison, les destins de Bosch et Posada vont prendre une tournure inattendue, révélant les liens troubles entre ces terroristes et la CIA.
Luis Posada Carriles incarne à lui seul toute l’ambiguïté des relations entre la CIA et les groupes anti-castristes. Né à Cuba, il rejoint la CIA en 1960 pour lutter contre le régime de Fidel Castro. Son parcours est jalonné d’opérations secrètes et d’actes terroristes :
En 1976, Posada quitte officiellement la CIA. Mais ses liens avec l’agence ne sont pas pour autant rompus. Après son arrestation pour l’attentat du vol Cubana 455, il s’évade de prison en 1985 avec l’aide présumée de la CIA. Il poursuit alors ses activités terroristes, toujours avec la bienveillance des États-Unis.
Pendant des années, Washington nie farouchement tout lien avec l’attentat du vol Cubana 455. Pourtant, les soupçons sont nombreux. Fidel Castro accuse ouvertement la CIA d’être derrière l’attentat dès le 15 octobre 1976. Le secrétaire d’État Henry Kissinger s’empresse de démentir, mais le doute s’installe.
Il faut attendre 1989 et la déclassification de documents « TOP SECRET » pour que la vérité éclate au grand jour. Ces documents révèlent la présence d’un agent de la CIA lors d’une réunion préparatoire à l’attentat. L’implication de l’agence américaine ne fait désormais plus aucun doute.
D’autres éléments troublants viennent s’ajouter au dossier :
L’affaire du vol Cubana 455 éclabousse jusqu’au plus haut sommet de l’État américain. La famille Bush est particulièrement impliquée :
Ces connexions troublantes soulèvent de nombreuses questions sur la complicité du gouvernement américain dans des actes terroristes visant Cuba.
L’attitude des États-Unis face à Luis Posada Carriles et Orlando Bosch contraste fortement avec leur politique antiterroriste officielle. Alors que Washington exige en 1992 l’extradition de deux Libyens soupçonnés d’attentat, elle accorde l’asile à Posada et Bosch, pourtant reconnus coupables.
Cette politique du « deux poids, deux mesures » révèle l’hypocrisie de la lutte antiterroriste américaine. Le « bon » terroriste serait-il celui qui sert les intérêts des États-Unis ?
Près de 50 ans après l’attentat du vol Cubana 455, cette affaire continue de peser sur les relations entre Cuba et les États-Unis. Les exactions commises par la CIA en Amérique latine durant la Guerre froide restent un sujet tabou. Pourtant, elles ont profondément marqué le continent.
L’image des États-Unis comme défenseur de la démocratie et des droits de l’homme en prend un sérieux coup. Pour de nombreux Latino-Américains, le rêve américain s’est transformé en véritable cauchemar.
L’attentat du vol Cubana 455 nous rappelle que la vérité finit toujours par éclater, même des décennies plus tard. Il souligne l’importance d’un examen critique de l’histoire, au-delà des discours officiels et de la propagande. Seule une confrontation honnête avec ce passé trouble permettra de construire des relations apaisées entre les États-Unis et l’Amérique latine.