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La Russie à la conquête du Sahel : un nouveau chapitre d’influence

La Russie à la conquête du Sahel : un nouveau chapitre d’influence

La Russie étend son influence en Afrique, et le Sahel est sa nouvelle cible. Loin d’être un hasard, cette stratégie répond à des ambitions géopolitiques précises. Vladimir Poutine cherche à renouer avec le statut de grande puissance de son pays, quitte à bousculer l’ordre établi.

L’ours russe sort de sa tanière

Depuis quelques années, la présence russe en Afrique s’intensifie. Le Kremlin déploie une stratégie d’influence bien rodée, mêlant diplomatie, coopération militaire et soft power. Son objectif ? Combler le vide laissé par les puissances occidentales, en particulier la France.

La République centrafricaine a servi de laboratoire à cette nouvelle politique africaine de Moscou. En 2017, la Russie y a envoyé des conseillers militaires et du matériel, gagnant rapidement la confiance des autorités locales. Ce succès a ouvert la voie à une expansion plus large sur le continent.

Le Sahel, nouvelle terre de conquête

Aujourd’hui, c’est le Sahel qui attire les convoitises russes. Cette vaste région, en proie à l’instabilité et au terrorisme, représente un enjeu stratégique majeur. La France, historiquement présente, peine à y maintenir son influence face à un sentiment anti-occidental grandissant.

La Russie s’engouffre dans cette brèche. Au Mali, elle a signé un accord de défense en 2019. Depuis le coup d’État de 2020, les rumeurs d’une présence accrue des mercenaires du groupe Wagner se multiplient. Des drapeaux russes flottent désormais aux côtés des drapeaux maliens dans les rues de Bamako.

Une stratégie d’influence bien huilée

Pour s’implanter au Sahel, Moscou déploie plusieurs leviers :

  • Coopération militaire : formation, équipement, lutte antiterroriste
  • Soutien politique aux régimes en place, sans conditionnalité démocratique
  • Propagande anti-occidentale et valorisation du passé soviétique
  • Exploitation des ressources naturelles en échange de protection

Le groupe Wagner, société militaire privée liée au Kremlin, joue un rôle central dans ce dispositif. Ses mercenaires interviennent officiellement comme « conseillers », tout en restant dans une zone grise propice aux dénis officiels.

Les défis d’une expansion africaine

Malgré ses succès initiaux, la Russie fait face à plusieurs obstacles dans sa conquête du Sahel :

  • Moyens limités face à l’immensité des défis sécuritaires et humanitaires
  • Risque d’enlisement dans des conflits complexes
  • Scrutin accru de la communauté internationale
  • Concurrence d’autres puissances comme la Chine

Le Sahel pourrait se révéler être un bourbier pour Moscou, comme il l’a été pour d’autres puissances avant elle. La région exige des investissements massifs et une stratégie à long terme que la Russie n’a peut-être pas les moyens de mettre en œuvre.

Un nouvel équilibre des puissances en Afrique ?

L’offensive russe au Sahel s’inscrit dans une recomposition plus large des influences en Afrique. Les puissances occidentales traditionnelles voient leur hégémonie contestée par de nouveaux acteurs comme la Russie, mais aussi la Chine ou la Turquie.

Cette nouvelle donne géopolitique offre aux pays africains une diversification de leurs partenariats. Mais elle comporte aussi des risques, comme celui de voir le continent redevenir un terrain d’affrontement entre grandes puissances.

Quel avenir pour l’influence russe au Sahel ?

L’avenir de la présence russe au Sahel reste incertain. Moscou devra prouver sa capacité à apporter des solutions durables aux défis de la région, au-delà des effets d’annonce et des coups médiatiques.

La Russie pourrait aussi recentrer ses ambitions sur des cibles plus accessibles, comme le Cameroun ou le Gabon. Ces pays offrent des opportunités d’influence à moindre risque, tout en permettant à Moscou de maintenir une présence significative en Afrique.

Quoi qu’il en soit, l’offensive russe au Sahel marque un tournant dans les relations internationales en Afrique. Elle oblige les autres puissances à repenser leur approche du continent, dans un contexte de compétition accrue pour l’influence et les ressources.