Félix Leclerc disait que chaque pomme est une fleur qui a connu l’amour. On pourrait ajouter que chaque fête est une fleur qui a connu la légende. Légendes fleuries est une chronique non périodique qui vise à raconter les mythes, expressions et héritages construits autour des fleurs. Aujourd’hui, le coquelicot.
Quiconque cueillant un coquelicot le verra se faner instantanément. Fragile et gracile, cette fleur flamboyante représente la liberté, l’ardeur fragile mais est également symbole de réconfort…
Au champ d’honneur, les coquelicots
Sont parsemés de lot en lot
Auprès des croix, et dans l’espace
Les alouettes devenues lasses
Mêlent leurs chants au sifflement
Des obusiers
Extrait de « Au champ d’honneur » de John McCrae (1915)
Dans la mythologie grecque, on attribue le coquelicot à la déesse Déméter, déesse de la Terre, de la fertilité et symbole de la mère nourricière. La légende raconte que la fille de Déméter, Perséphone, souvent représentée avec un bouquet de coquelicot, était très belle, et était élevée en secret par sa mère en Sicile. Mais un jour, alors que Perséphone cueillait un bouquet de fleurs, elle fut remarquée par Hadès, le dieu des Enfers. Subjugué par sa beauté, il l’enleva dans le but d’en faire sa femme. Déméter chercha sa fille pendant neuf jours et neuf nuits. Lorsqu’elle apprit qu’elle se trouvait aux royaume des Enfers, elle descendit la chercher. Cependant, Hadès refusa de laisser Perséphone et Déméter, folle de rage, menaça de rendre la Terre stérile. Zeus craignant que la déesse ne détruise les moissons, et ne voulant pas froisser Hadès, proposa un compromis. Perséphone passerait une partie de l’année avec son mari en tant que reine des Enfers (les mois d’hivers), et reviendrait sur Terre au côté de sa mère pendant l’autre partie de l’année (printemps et été).
Déméter et Hadès acceptèrent. Dès lors, le printemps surgit à chaque fois que Perséphone revint sur Terre, faisant pousser les coquelicots. Le coquelicot allie la couleur de la vie (le rouge), la fragilité de Perséphone (les pétales), et la marque noire d’Hadès (les pétales rouges sont tâchés de noir à leur base) et se fait donc le symbole de la liberté retrouvée. Une autre légende raconte que Morphée, inquiet de voir Déméter cherchait sans relâche sa fille lui offrit un bouquet de Coquelicot pour l’aider à s’endormir et ainsi oublier sa peine. Peu étonnant lorsqu’on sait que le Coquelicot (Papaver rhoeas) fait partie des pavots et est donc cousin du Pavot à opium (Papaver somniferum album).
Cette association de la fleur à la tristesse mais aussi au réconfort qui s’ensuit et à la liberté se retrouve aujourd’hui en Europe. Lors de la première guerre mondiale on s’aperçut que la fleur poussait sur les champs de bataille, sa couleur rouge rappelant le sang versé mais était signe également que la guerre était passée. Le lieutenant-colonel John McCrae en fit même une chanson : Au champ d’honneur. Suite à cela en France on fabriqua des coquelicots afin de récolter des fonds pour aider les enfants des régions dévastées par la guerre. Et en Angleterre on fête depuis 1921 le British Poppy Day Appeal et au Canada le coquelicot est devenu le symbole des vétérans de la première guerre mondiale.

Pigiste
Spécialités : Sciences, nature, art
Description : J’ai pendant un temps étudié à l’Université de l’Invisible d’Ankh Morpork. Fan des coquelicots, je passe mes weekends à courir après les papillons et à voler sur ma Longwing, Lily. J’ai, depuis peu, rejoint le château de Hurle où j’essaye de percer, avec l’aide de Nausicaa, les mystères de ce monde. Une question reste toutefois sans réponse : Pourquoi un corbeau ressemble-t-il à un bureau ?
Belle histoire tirée de la fabuleuse mythologie grecque. Le coquelicot est également l’ami de la biodiversité et il a horreur des pesticides…
La mythologie grecque toujours aussi belle et elle représente bien cette fleur. Il me semble que,l’on en revoit plus ces dernières années